En
automne et en hiver, des troupes remuantes de Mésanges à longue
queue parcourent nos parcs et nos jardins.
Photographie : Tony Hisgett |
En
automne et en hiver, les mésanges forment des troupes
monospécifiques ou mixtes afin d'augmenter leurs chances de trouver
de la nourriture et de repérer les prédateurs. Ces rassemblements
sont appelés des "rondes" (lire Les
rondes d'oiseaux). D’autres passereaux, comme les roitelets,
les sittelles et les grimpereaux, peuvent les rejoindre.
La
Mésange à longue queue (Aegithalos
caudatus)
fait partie de la famille des aegithalidés et non pas des paridés
comme les autres mésanges. Elle est très petite (13 à 15 cm de
long, dont 7 à 9 cm pour la queue). Son dos est noir avec une teinte
lie-de-vin ou brun-rouge aux épaules, et son ventre est blanc. Chez
les oiseaux ouest-européens (A.
c. europaeus),
une bande noire est visible du front à la nuque passant au-dessus de
l'œil (lire Identifier
les oiseaux du jardin en hiver). Chez les oiseaux nordiques (A.
c. caudatus),
la tête est entièrement blanche (lire Les
Mésanges à longue queue nordiques : attention aux pièges !).
C’est
la "mésange" la plus sociable : elle niche de façon
coopérative et forme en automne et en hiver des troupes vives et peu
farouches pouvant dépasser les 20 individus, facilement repérables
par leurs cris fins, doux et bourdonnants : "sri-sri-sri"
et "zerr".
Les
Mésanges à longue queue mangent essentiellement des insectes,
explorant les branches et le feuillage. Elles recherchent les zones
les moins venteuses et les plus riches en invertébrés, surtout les
haies, les jardins et les bois. Les zones cultivées et buissonneuses
sont beaucoup moins attractives. Elles visitent assez rarement les
mangeoires. Elles se déplacent ensemble, dans la même direction.
Les
troupes sont souvent monospécifiques, mais elles peuvent rejoindre
d'autres espèces de mésanges. Elles sont généralement composées
d'un couple et de leurs jeunes, mais des adultes ayant aidé les
petits durant la saison de reproduction les rejoignent souvent. Dès
la fin de l'hiver, les mâles d'une troupe donnée se rapprochent des
femelles des troupes voisines. Dans le cadre de la réalisation d'un
atlas dans les comtés de Cheshire et de Wirral (Grande-Bretagne),
les ornithologues ont constaté que 30 % des troupes étaient
composées de plus de dix oiseaux et 2 % de plus de 20. Le 17 février
2001, deux groupes totalisant 55 oiseaux rejoignant leurs dortoirs
séparés de 100 mètres ont été capturées dans un filet. Durant
l'hiver1981-1982, à Wytham Wood près d'Oxford (Grande-Bretagne), la
taille de 15 troupes variait entre 6 et 17 oiseaux, avec une moyenne
de 10,6. Durant l’hiver 1982-1982, la taille de 21 troupes variait
entre six et 14 oiseaux, avec une moyenne de 8,8. Dans une forêt
mixte de l'île de Honshu au Japon, la taille de 243 troupes
observées durant trois hivers (1965-1968) était comprise entre 3 et
15 oiseaux (7,6 individus en moyenne).
Les
troupes sont très territoriales, leur domaine couvrant en moyenne 20
hectares, les plus grandes défendant les plus grands domaines. À
Wytham Wood, la surface moyenne (15 troupes) des territoires était
de 25 hectares durant l’hiver 1981-1982 et de 17 hectares (21
territoires) l’hiver suivant. Sur Honshu, le cœur de leur
territoire, où se déroulait 80 % de l’activité des oiseaux
(nourriture, baignade dans l'eau et la neige), avait généralement
une forme ovale et s'étirait sur 200 mètres dans sa plus grande
longueur, et elles effectuaient des déplacements à partir de ce
secteur de base, au cours desquels la stabilité sociale du groupe
est renforcée. Quand deux troupes se rencontrent, des affrontements
peuvent éclater.
La
composition des groupes reste constante entre deux saisons de
reproduction, les échanges d'individus étant très rares. La taille
des troupes et la superficie du territoire hivernal influencent la
répartition printanière des couples nicheurs.
Les
Mésanges à longue queue dorment ensemble, souvent dans un buisson
épineux dense et non pas dans une cavité. Elles se serrent les unes
contre les autres (lire Comment
les oiseaux supportent-ils les nuits d'hiver et comment les aider ?),
ce qui explique peut-être également la nécessité de constituer
des troupes hivernales. Les oiseaux cherchent à se placer au milieu
du dortoir pour profiter de la chaleur de leurs congénères, mais la
position des individus n'est pas fixe, les dominants ayant tout de
même tendance à occuper les meilleures places. Les hivers rudes
sont très meurtriers pour cette petite espèce qui ne pèse que 6 à
8 grammes et dont la température du corps est de plus de 40 °C :
après l'hiver 1962-1963, l'espèce avait ainsi presque disparu de
Wytham Wood. Elles peuvent tout de même survivre à une température
nocturne de -20°C, grâce à leurs plumes très isolantes. Grâce à
la succession d'hivers doux qu’à connu l’Europe au cours des
dernières années, les effectifs de l'espèce ont augmenté.
Sources
- N. W. Glen et C. M. Perrins (1988). Co-operative breeding by Long-tailed Tits. British Birds. Volume 81. Pages 630-641.. https://britishbirds.co.uk
- Tony and Margaret Hayter. Long-tailed Tit (Aegithalos caudatus). Birds in Cheshire and Wirral. www.cheshireandwirralbirdatlas.org/species/long-tailed-tit-wintering.htm
- Nakamura Toru (1969). Structure of flock range in the Long-tailed Tit:1. Winter flock, its home range and territory. Journal of the Yamashina Institute for Ornithology. Volume 5(5). Pages : 433-461. http://ci.nii.ac.jp/naid/130003572995/
Ornithomedia.com
paru en octobre 2015
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