lundi 1 août 2016

Inondations

Dans le monde entier les inondations sont synonymes de perturbations non seulement pour l'homme mais surtout pour toutes les espèces d'oiseaux nichant près du sol. L'article suivant paru dans ornithomedia du mois de juin 2016 vous montre que des ornithologues du monde entier se sont penchés sur ce problème.

Grosswoerth inondé
Les inondations ont de graves conséquences sur les habitants des régions touchées (routes coupées, bâtiments emboués, cultures noyées...), mais lorsqu'elles se produisent en mai-juin, en pleine période de reproduction, elles perturbent aussi fortement de nombreux oiseaux : destructions des nids, noyades des oisillons, zones d'alimentation inaccessibles... Toutefois, plusieurs espèces parviennent à limiter les effets négatifs à court et moyen terme de ces montées brusques du niveau de l'eau grâce à des adaptations comportementales.
Dans un article publié en 2015 dans la revue The Condor, des ornithologues ont présenté les résultats de leur suivi de la nidification de deux passereaux nichant sur les rives du réservoir Arrow en Colombie-Britannique (Canada) : la Paruline jaune (Setophaga petechia) (272 nids suivis) et le Moucherolle des saules (Empidonax traillii) (81 nids étudiés). Lors d'une inondation, 28 % des nids de Parulines jaunes et 50 % de ceux de Moucherolles des saules ont été submergés, mais paradoxalement, la réussite globale de la nidification de ces deux espèces (mesurée par le Taux de Survie Quotidien des nids, ou DSR en anglais) a été peu impacté. Les auteurs supposent que l'inondation aurait réduit la pression de prédation, ce qui a permis de compenser au moins partiellement les effets destructeurs. D'autre part, à l'image des grèbes qui construisent des nids insubmersibles constitués de végétaux aquatiques (lire Parade des Grèbes huppés : postures, danses et cérémonies), le Moucherolle des saules niche fréquemment dans la végétation flottante de la tourbe, ce qui permet à ses oeufs et à ses petits de survivre aux inondations.
En Corée du Sud, des biologistes ont observé que le nombre de couples de Sternes naines (Sternula albifrons) nichant dans l'estuaire du fleuve Nakdong variait en fonction du niveau de la crue de l'année précédente (neuf à dix mois plus tôt) : plus le nombre d'oiseaux ayant été obligés de quitter leur site de nidification était important, moins le nombre de ceux revenant le printemps suivant était élevé. L'effectif peut ré-augmenter ensuite progressivement les années suivantes si la situation à chaque printemps demeure favorable. Il s'agit donc là d'une adaptation pour maintenir la population de l'espèce.
Le Bruant à queue aiguë (Ammodramus caudacutus) niche dans les marais salants en Amérique du Nord, qui peuvent être submergés lors des grandes marées. Des ornithologues ont découvert que leur période de nidification était synchronisée avec les cycles lunaires, qui ont justement une influence sur ces marées, ce qui leur permet d'éviter de nicher lorsque les coefficients sont les plus élevés.

Sources

  • Harry van Oort, David J. Green, Matthew Hepp et John M. Cooper (2015). Do fluctuating water levels alter nest survivorship in reservoir shrubs?. The Condor. Volume : 117. Numéro : 3. Pages : 376-385. www.aoucospubs.org/doi/abs/10.1650/CONDOR-14-154.1
  • Ji-Deok Jang, Seong-Gwang Chung, Kyung-Cheol Kim, Keon-Young Jeong, Dong-Kyun Kim, Ji Yoon Kim, Gea-Jae Joo et Kwang-Seuk Jeong (2013). Long-term adaptations of a migratory bird (Little Tern Sternula albifrons) to quasi-natural flooding disturbance. Ecological Informatics. Volume : 29. Numéro : 2. Pages : 166–173. Septembre.  www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1574954114001216
  • W. Gregory Shriver, Peter D. Vickery, Thomas P. Hodgman, and James P. Gibbs (2007). Flood tides affect breeding ecology of two sympatrics Sharp-tailed Sparrows. The Auk. Volume : 124. Numéro : 2. Pages :  552-560. www.aoucospubs.org

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